Gaston Bonnier, le fondateur

Gaston Bonnier, vulgarisateur de talent avec, entre autres, ” La botanique en chemin de fer “, a été surtout un chercheur et un expérimentateur qui, grâce à la station qu’il avait créé, a ouvert de nombreuses voies de recherche dans des domaines aussi variés que la systématique, la biogéographie, l’écologie et la physiologie végétales.

Précurseur de la botanique moderne

Grâce à la Station qu’il avait créée, il a ouvert de nombreuses voies de recherche dans des domaines aussi variés que la systématique, la biogéographie, l’écologie et la physiologie végétales. En ce début de XXe siècle, Gaston Bonnier va, pour la Botanique, être un de ces nouveaux professeurs, à la fois enseignant et à la fois chercheur. A 20 ans, Gaston Bonnier entre à l’École Normale et va se consacrer, après son agrégation, à restaurer l’enseignement supérieur dans les lycées. Ses propos de l’époque sont extrêmement évocateurs et ne sont pas forcément dénués d’actualité :

“La principale cause du discrédit dont sont affectées les sciences naturelles provient de l’abaissement systématique de leur étude dans l’enseignement secondaire.”

Auteur de la grande flore

Passionné par la pédagogie, il élabora bon nombre d’ouvrages destinés à l’enseignement (cours de botanique et surtout flores de terrain).
Ces flores sont encore largement utilisées par les étudiants. La Nouvelle flore des environs de Paris et la Flore de France sont parmi les plus connues.

Leurs clés de détermination demeurent jusqu’à aujourd’hui inégalées. L’incroyable de cette réalisation réside dans le fait que ces ouvrages sont encore commercialisés et font régulièrement l’objet de réédition ! Il en est ainsi pour la Flore complète illustrée en couleur de France, Suisse et Belgique qui ne comprend pas moins de 13 volumes et dont l’exactitude ne supporte aucune comparaison.
Quant à la Nouvelle Flore des Environs de Paris, elle est toujours utilisée par les étudiants en licence et en master.

Le chercheur

En biologie végétale, ses travaux les plus remarquables concernent la phytogéographie et le fonctionnement des plantes dans leur environnement.

Grâce à des expériences réalisées sur la Station, il a pu, en cultivant des plantes récoltées en altitude mais correspondant à des espèces poussant également en plaine, démontrer la notion d’accommodat, c’est à dire de modifications phénotypiques passagères et réversibles liées aux conditions de milieu. Il fut aussi le premier a envisager le rôle physiologique des nectaires (zones sécrétrices de sucres chez les plantes).

Ses activités scientifiques ne se sont pas restreintes aux plantes supérieures. C’est le premier à avoir démontré que le lichen était une association entre algue et champignon et à en avoir réalisé la synthèse. Il s’est aussi intéressé, entre autres, aux champignons et à l’apiculture. Il a avec G. De LAYENS installé des ruchers expérimentaux sur le site de la Station, qui furent, pendant des décennies, des références dans ce domaine.

Pour finir sur la découverte de cet homme exceptionnel et peu connu du grand public, il faut souligner qu’il a eu une carrière comparable aux plus grands scientifiques du début du siècle. En bref, il a été un découvreur et un précurseur en matière des plantes à fleurs. Mais au-delà de ses travaux scientifiques, nous ne pouvons que citer les propos de M. BOURNERIAS tenus lors du centenaire de la station de Fontainebleau – Avon, en 1989, relatifs à la carrière de G. BONNIER :

“L’oeuvre didactique de Gaston BONNIER nous permet de retrouver, à la fois : le savant rationnel, le maître semeur de vocation, l’homme simple et ouvert, désireux de faire partager à tous sa passion de la connaissance des plantes dans leurs milieux de vie.”

En quelques dates

Gaston Eugène Marie Bonnier est né le 9 avril 1853, à Paris

• 1873 Entrée à L’ École Normale Supérieure de Paris section des “Sciences Physiques et Chimiques”
• 1876 Préparateur à l’École Normale Supérieure
• 1877 Thèse sur les Nectaires
• 1879 Maître de Conférences à l’École normale supérieure
• 1880 Prix de physiologie expérimentale de l’Académie des Sciences pour ses travaux sur les nectaires
• 1884 Prix Desmazières de l’Académie pour les recherches menées avec L. MANGIN sur la physiologie des champignons (Prix 1883)
• 27 décembre 1886 Prix de Fonz de Melicoq de l’académie pour la “Nouvelle Flore du Nord de la France et de la Belgique” de G. BONNIER ET G. De LAYENS (cousin de G. BONNIER), prix partagé avec la “Flore du Nord de la France” de E.G. CAMUS
• 1886 Directeur du nouveau Laboratoire de Recherches Botaniques qui vient d’être créé à l’École des hautes études
• 1887 Nomination à la Chaire de Botanique de la Faculté des Sciences de Paris
• 1887 La “Flore du Nord” est couronnée par l’académie, la “Flore des environs de Paris” reçoit la médaille d’or de la Société d’Agriculture de France
• 24 décembre 1888  Prix Montyon de l’Académie pour ses recherches sur la synthèse des Lichens
• 22 février 1889 Décret de création du laboratoire de Biologie Végétale de Fontainebleau
• 1914 Officier de la légion d’Honneur.
• 30 décembre 1922 Décès à Paris

Références bibliographiques

Références bibliographiques utilisées pour ces pages

Bulletin de la Société Botanique de France -T 137 (2/3) – 1990.articles publiés à l’occasion du centenaire de la création du Laboratoire de Biologie Végétale Fontainebleau – Avon, 17 Novembre 1989 :

M. BOURNERIAS “Gaston BONNIER, éminent pédagogue et botaniste de terrain” (pp:93-105)
J.P. RAFFIN et G.G AYMONIN “Gaston BONNIER et la conservation de la flore” (pp:107-114)
G. BENEST “Le laboratoire de Biologie Végétale de Fontainebleau : création et héritage de Gaston BONNIER” (pp:115-119)
Ch. BERNARD ” Gaston BONNIER et Hyppolite COSTE : témoignages épistolaires 1888 – 1889 – 1890″ (pp:121-123)
G.G. AYMONIN et M. KERAUDREN – AYMONIN ” Autour de Gaston BONNIER et de son oeuvre. Essai documentaire comparatif” (pp:125-138)